Immobilier : dans la tête des primo-accédants, entre rêve et budget

Pour leur premier bien immobilier, les jeunes Franciliens achètent majoritairement à deux. Ils privilégient la qualité de vie tout en souhaitant rester connectés à Paris.

Les primo-accédants scrutent particulièrement les annonces en petite couronne.
Les primo-accédants scrutent particulièrement les annonces en petite couronne.

Contenu en partenariat avec l'Etablissement Public Foncier d'Île-de-France

Ils ont en moyenne 34 ans et empruntent majoritairement en couple. D’après les données du Crédit Agricole d’Ile-de-France, selon une étude sur 7300 prêts immobiliers accordés au premier semestre 2021, les primo-accé­dants franciliens ont un projet d’achat d’un montant de près de 363000 euros. Il sera financé par un prêt de 281000 euros en moyenne. Nous avons rencontré quel­ques-uns de ces candidats au rêve confrontés à la réalité de leur budget.

Iris : un appartement à Clichy

«Nous avons étudié les prix avant de choisir de concentrer nos recherches sur Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).» Iris, 23 ans, souhaite acheter un appartement de 60m2 environ, avec au moins deux chambres afin de créer un espace pour un bureau. «Mon conjoint et moi vivons actuellement dans un logement que nous louons dans le XIIIe arrondissement de Paris, mais nous avons besoin de plus d’espace avec la généralisation du télétravail.» Autres critères importants pour le couple : le temps de transport et la présence de nombreux commerces. La première cou­ronne parisienne s’est naturellement imposée.

«Entre nos économies et notre capacité d’emprunt, nous nous sommes fixé un budget de 500000 euros avec un prêt bancaire d’une durée de 25 ans», détaille Iris. Pour elle, au-delà de son futur lieu de vie, il s’agit d’un véritable investissement. «Il y a beaucoup de stress lié à ce premier achat, c’est pourquoi nous prenons vraiment le temps de réfléchir», indique la jeune femme, actuaire dans un cabinet de conseil.

Marina : une maison à Suresnes

«Nous avions le sentiment de jeter de l’argent par les fenêtres en restant locatai­res», explique Marina, 29 ans. Elle vit actuellement avec son compagnon de 35 ans dans un studio à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). En CDI depuis janvier, la jeune femme a attendu de valider sa période d’essai avant d’entamer ses nombreuses visites. «Nous voulions un logement pas trop loin de nos lieux de travail, Saint-Cloud et Saint-Lazare, mais aussi au minimum deux chambres pour accueillir les amis et éventuellement un futur bébé», indique la consultante dans le domaine du droit.

Si, au départ, le couple visait un appartement, son choix s’est finalement porté sur une maison à Suresnes (Hauts-de-Seine). «Une opportunité s’est présentée. Elle nous permet d’avoir un espace extérieur et de ne pas dépendre d’une copropriété», se réjouit-elle. Dans la commune, le prix moyen du m2 pour une maison est aujourd’hui de 8336 euros, selon le site Meilleurs agents. «Si nous avons la possibilité d’acheter, c’est parce que nous sommes deux, sinon ce serait inenvisageable», estime Marina.

Aurélien : un studio à Paris

Cadre dans une entreprise de cosmétiques, Aurélien, 25 ans, a acheté en septembre dernier son premier bien immobilier : un studio de 13m2 dans le Xe arrondissement de la capitale. «Avant, je vivais près de l’Hôtel de Ville dans un 18m2», explique-t-il. Si le jeune homme a choisi de se loger dans un appartement plus petit, c’est qu’il envisage, à terme, de le mettre en location. «Mon projet est d’y vivre pendant quelques temps avant de partir en Asie. Je ne voulais pas non plus contracter un emprunt sur une durée trop longue.», confie-t-il.

Pour financer son achat, Aurélien a pu compter sur un apport de 30000 euros grâce à un don familial, complété par un prêt bancaire sur 10 ans : «Mon budget était de 120000 euros, hors frais, dont 10000 euros obtenus grâce à un prêt à taux zéro». Il a multiplié recherches et visites, entamées dès fin 2020. «Au total, j’ai fait cinq offres, précise-t-il. Les biens de cette taille partent très vite car certains acheteurs sont prêts à payer le prix sans passer par un prêt. Il faut se positionner dans les heures qui suivent la visite. »



Zoom : les Franciliens en quête de calme et de verdure

Après plusieurs mois de restrictions sanitaires, les acheteurs sont à la recherche d’espaces extérieurs et de quiétude. Quitte à s’éloigner de leur précédente adresse.

A Meaux, Charlotte Barrier et Audrey Iscain conseillent des acheteurs aux profils variés.
A Meaux, Charlotte Barrier et Audrey Iscain conseillent des acheteurs aux profils variés.

«Les Franciliens aspirent à mieux vivre et ne plus être entassés dans de petits espaces», estime Laurent Vimont, président de Century 21 France. Pourtant, le professionnel de l’immobilier le rappelle : «Il faut accepter de faire des concessions car le budget ne permet pas toujours de réaliser l’achat rêvé». Au troisième trimestre 2021, le prix moyen d’un appartement en Ile-de-France était de 261000 euros et de 387000 euros pour une maison. Une moyenne qui cache de fortes disparités entre la Seine-et-Marne, département le moins cher, où un appartement se vend en moyenne 161000 euros, et les Hauts-de-Seine, où le prix atteint 469000 euros.

Laurent Vimont remarque la multiplication de «sauts de puce» : des habitants quittent l’hyper-centre pour acheter plus grand quelques kilomètres plus loin. Un phénomène qu’observe également Jules Bondy, responsable d’agence chez Virginia immobilier, dans le Val-de-Marne : «Nous recevons beaucoup de Parisiens qui, après des mois de restrictions sanitaires, expriment un besoin de calme et de verdure. La demande d’espaces extérieurs a toujours existé mais fait désormais partie des critères primordiaux.»

Ainsi, les villes de Saint- Mandé et de Vincennes tirent particulièrement leur épingle du jeu grâce à leur proximité avec Paris et le bois de Vincennes, mais aussi la présence de la ligne 1 et du RER A. Les prix y dépassent les 10000 euros le m2, qu’il s’agisse d’appartements ou de maisons. En Seine-et-Marne, Audrey Iscain et Charlotte Barrier, de l’agence l’Adresse de Meaux, constatent une demande croissante d’habitants de Paris mais aussi de Seine-Saint-Denis. «Des acquéreurs qui n’ont pas les moyens de se loger en petite couronne, indiquent-elles. Or, Meaux présente l’avantage d’être relativement proche de la capitale, à 25 minutes en train.» Naturellement, les quartiers proches de la gare suscitent les convoitises. Un appartement peut s’y vendre jusqu’à 4000 euros le m2 s’il dispose d’un balcon ou d’une terrasse.

Des acheteurs plus exigeants

A Meaux aussi, les acheteurs sont en quête de calme et de verdure. Impossible de faire des concessions sur ces critères. «Les acquéreurs sont plus regardants et souhaitent davantage comparer avant de faire une offre», explique Audrey Iscain. Le secteur du Clos Godet attire par exemple les familles en quête de maisons, vendues autour de 270000 euros. En pleine évolution grâce à une politique de rénovation urbaine engagée par la mairie, les quartiers Beauval et Dunant charment davantage les primo-accédants avec un montant au m2 qui oscille entre 1900 et 2300 euros. A en croire Audrey Iscain, au-delà de ses prix plus accessibles, Meaux séduit autant de nouveaux habitant aussi parce que c’est «une ville très agréable avec des commerces, une offre culturelle et de nombreux espaces naturels à proximité des lieux de vie.»

Le chiffre : 261000€ prix moyen pour un appartement francilien au troisième trimestre